Édité et présenté par Hervé Torchet
La Réformation des Fouages de 1426 est le premier recensement qui ait jamais eu lieu en Bretagne. Effectué dans une période historique cruciale, la charnière de la guerre de Cent Ans, cet inventaire des Bretons du début du XVe siècle avait un double objectif : connaître la population imposable et, donc, la capacité du duché à payer l’impôt pour financer la guerre, et, d’autre part, à travers l’énumération des nobles et de leurs manoirs, évaluer la force de frappe de l’ost ducal, puisque les nobles, exemptés d’impôt, étaient en revanche assujettis à un service militaire.
La publication porte sur l’ancien diocèse de Saint-Brieuc, soit environ 110 paroisses et trèves, y compris les enclaves de l’ancien diocèse de Dol, regroupant plus de 18 000 chefs de famille, dont presque 1500 nobles, un chiffre inégalé dans les autres diocèses déjà publiés : Cornouaille, Tréguier, Saint-Malo et Léon.
Dans une soixantaine de paroisses, le texte est intégral, parfois de la main même des commissaires, parfois des copies faites à l’époque pour les archives, et parfois, nous avons le texte de deux enquêtes faites à quelques mois ou années d’écart dans la même localité. Chaque chef de famille est recensé en face du lieu où il vit. Les commissaires sont parfois précis : marié, vieil impotent, femme veuve, etc.
Dans plus de trente paroisses, nous ne disposons que de transcriptions partielles faites au XVIIe siècle, faisant état seulement des nobles et des métayers de nobles, exempts comme eux.
Pour une petite vingtaine de paroisses enfin, nous n’avons que des chiffres récapitulatifs et c’est en faisant appel à d’autres sources documentaires d’époque qu’il devient possible de proposer des noms de nobles, voire de roturiers, dont on peut prouver la résidence.
À côté de la Réformation, cette publication développe plus de 850 notices biographiques et généalogiques sur les nobles qui y sont mentionnés, avec, autant que possible, l’étude de l’origine de leur propriété du manoir ou de la seigneurie, appuyées sur le dépouillement de 12 000 documents annexes. Des index détaillés de ces deux parties permettent de trouver facilement chaque personne, noble ou non, mais aussi des centaines de noms de lieux, dont la plupart existent encore en 2016.
S’y ajoute un cahier hors texte de plus de 450 écus, la plupart en couleur (parfois, les émaux et métaux sont inconnus), souvent inédits et dessinés en s’inspirant de représentations d’époque, une grande carte détaillée et plusieurs cartes héraldiques.
Michael C.E. Jones, qui compte parmi les meilleurs connaisseurs de cette période historique, ouvre une fenêtre supplémentaire pour la faire connaître. Ouvrage de haute culture, ce travail énorme met à la disposition d’esprits curieux et éclairés un ensemble exceptionnel d’informations puisées dans le gisement des parchemins médiévaux rares et peu lisibles par le profane. Mieux qu’un catalogue de noms et de personnes et de lieux et de dates (ce qu’il est aussi), il est une étude approfondie sur la population des Turnegouet, Penthièvre, Goëllo et Porhoet de la fin du Moyen âge, et un portrait sur le vif de la noblesse et de ses terres à la veille d’un bouleversement historique qui modifiera radicalement le rôle des uns et le statut des autres.
1 vol. 24 x 32
424 pages + 52 planches d’écussons (462 écus) et 4 cartes héraldiques en plus de la grande carte 48 x 64 hors texte également, le tout inédit
Décembre 2016
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